#Business #Epargne Retraite / Salariale
Publié le 08/07/20
Lecture 5 Min.
Publié le 08/07/20
Lecture 5 Min.
#Business #Epargne Retraite / Salariale

La loi Pacte relative à la croissance et à la transformation des entreprises a enfin simplifié l’écosystème des produits d’épargne retraite supplémentaires. Un point complet avec Christophe Eglizeau, directeur général de Natixis Interépargne et Alain Tourdjman, directeur des études économiques de BPCE.

LOI PACTE : C’EST ENFIN PLUS SIMPLE D’ÉPARGNER POUR SA RETRAITE !

CHRISTOPHE
EGLIZEAU

Directeur général de Natixis Interépargne et membre du comité exécutif de Natixis.

ALAIN
TOURDJMAN

Directeur des études économiques de BPCE

« La retraite est l’une des premières préoccupations des Français. Et ce, dès l’âge de 30 ans », Alain Tourdjman

 

Quel est le rapport des Français à l'épargne retraite ?

Alain Tourdjman : La retraite est l'une des premières préoccupations des Français. Et ce, dès l'âge de 30 ans. Pour y répondre, leur premier réflexe est l'achat de la résidence principale le plus rapidement possible. Ils anticipent ainsi des économies de charges lors de la retraite en loyers ou remboursements d'emprunt. L'investissement locatif correspond davantage à une attente de revenus complémentaires. En termes de placements financiers, les Français privilégient les supports « généralistes » comme l'assurance-vie ou même le livret A, à des produits d'épargne-retraite spécifiques.

Pourquoi ne placent-ils pas leur argent sur les produits d'épargne retraite ?

Alain Tourdjman : Outre l'attrait pour la liquidité, renforcé avec le coronavirus, ce choix tient à deux défauts jugés majeurs de l'épargne-retraite ancienne formule. D'une part, le manque de lisibilité de supports correspondant davantage à un statut professionnel (enseignant, militaire, élu...) qu'à un besoin individuel, était inhibant. D'autre part, le manque de flexibilité des produits « tunnels » à sortie exclusive en rente était dissuasif parce qu'ils étaient peu compatibles à la fois avec l'achat de la résidence principale et avec un besoin de répondre à des risques plus variés que la seule perte de revenus : la dépendance, l'aide aux proches...

Justement, la nouvelle loi Pacte a révisé cet écosystème de l'épargne retraite volontaire. Concrètement, ça change quoi pour les Français en matière d'épargne retraite ?

Christophe Eglizeau : Cette loi Pacte préserve la possibilité de développer une épargne retraite à titre personnel avec un Plan Épargne Retraite (PER) individuel qui succède aux actuels contrats PERP et Madelin. Mais aussi d'épargner dans un cadre professionnel via un PER collectif facultatif ou un PER obligatoire. Le tout avec des caractéristiques simplifiées. Désormais, les conditions de déblocage anticipé, les conditions de sortie en rente ou en capital, etc., dépendent de la nature du versement et non plus du type d'enveloppe. Quel que soit le support individuel ou collectif, tous les versements volontaires sont régis par les mêmes règles. De même pour les versements issus de l'épargne salariale ou les versements obligatoires (employeurs et salariés).

Un exemple peut-être ?

Christophe Eglizeau : Les montants placés issus de l'épargne volontaire et de l'épargne salariale peuvent désormais être retirés à tout moment pour l'achat d'une résidence principale ou en cas d'accident de la vie. Ce qui n'était pas le cas auparavant pour tous les supports.

Quels sont les nouveautés en termes de gestion et de pilotage de ces nouveaux contrats d'épargne retraite ?

Christophe Eglizeau : Les droits sont facilement transférables d'un produit à un autre et les frais associés sont strictement encadrés. De plus, la gestion des actifs tient désormais compte de la distance de l'épargnant à la retraite. Plus il se rapproche du départ en retraite, plus les fonds sont placés sur des classes d'actifs sans risque. Par défaut, c'est un mode de gestion pilotée qui est appliqué aux avoirs investis. Donc, une gestion du risque bien mieux maîtrisée.

 

« La gestion des actifs tient désormais compte de la distance de l'épargnant à la retraite », Christophe Eglizeau

 

Quid désormais des conditions de sortie justement ? Rente ou capital ?

Christophe Eglizeau : Au moment du départ en retraite, l'épargne volontaire peut-être liquidée en rente ou en capital, ou un mix des deux. En tout cas, les épargnants ont le choix.

À partir de quand faut-il commencer à épargner pour sa retraite pour assurer ses arrières ?

Christophe Eglizeau : Le plus tôt possible car plus vous attendez, plus l'effort d'épargne sera important. On estime que si vous commencez à épargner pour votre retraite à 45 ans - pour un départ en retraite à 65 ans - l'effort financier à fournir sera trois fois plus important que si vous aviez commencé à épargner 20 ans plus tôt.

Alain Tourdjman : J'ajouterais que plus on place de l'argent tôt sur des produits d'épargne retraite, plus on a de chances d'amortir les chocs de marché et donc de bénéficier d'une bonne valorisation de ses actifs sur le long terme.

Chaque année, les épargnants reçoivent un relevé de leur encours pour leur retraite supplémentaire mais ils ont bien du mal à estimer combien ils toucheront une fois à la retraite. Comment les aider à y voir plus clair et à se projeter ?

Christophe Eglizeau : Nous disposons sur notre site d'un simulateur qui, en fonction des revenus de l'épargnant, propose un plan d'épargne pour compléter ses revenus au moment de la retraite. Prédire combien les épargnants vont toucher à la sortie est très compliqué car cela dépend du rendement de l'épargne mais aussi de la fiscalité. Et sur le sujet, les règles sont très mouvantes.

Soyons concret, combien faut-il placer chaque mois pour obtenir une retraite supplémentaire de l'ordre de 2 000 euros ?

Christophe Eglizeau : À ce jour, pour obtenir une rente simple de 2 000 euros à 65 ans, un Français doit épargner 1 130 euros* par mois pendant 30 ans. Soit débuter ses placements à 35 ans.

Mais comment mener de front un achat immobilier et un placement en produits d'épargne retraite quand on débute dans la vie active ?

Alain Tourdjman : Pour une large part, les nouveaux supports d'épargne-retraite permettent de mener de front ces deux stratégies patrimoniales. Par ailleurs, le bas niveau des taux d'intérêt permet d'optimiser le recours au crédit en limitant la mobilisation d'actifs via l'apport personnel.

 


Pour obtenir une rente simple de 2 000 euros à 65 ans, un Français doit épargner 1 130 euros* par mois pendant 30 ans.

*Source : Olifan Group.