#Culture Et Talents
Publié le 29/06/21
Lecture 2 Min.
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#Culture Et Talents

C’est sans doute une date qui restera dans notre histoire commune. Jeudi 17 juin, Nicolas Namias, directeur général de Natixis a signé avec Cécile Tricon-Bossard, directrice des ressources humaines et l’ensemble du comité de direction générale, la « Charte d’Engagement LGBT+ » de L’Autre Cercle, en présence du réseau All Equals. Ce texte en quatre points marque une nouvelle étape dans le développement de notre politique d’inclusion. À travers cette charte, Natixis rend visible son engagement aux côtés de ses collaboratrices et collaborateurs LGBT+ et envoie un message fort à ses différentes parties prenantes.

Retour sur l’enjeu de cette signature avec Joëlle Gouraud et Frédéric Lenoir, coprésidents d’All Equals, le réseau LGBT+ de Natixis.

 

Pourquoi la signature de la Charte pour l’engagement LGBT+ vous importe tant ?

Joëlle Gouraud : C’est un pas énorme ! La portée de cette signature est hautement symbolique : l’entreprise à travers ses dirigeants s’engage à créer un environnement serein pour les collaborateurs LGBT+, et à respecter l’égalité des droits entre tous. Ce texte s’appuie sur quatre piliers qui sont les axes fondamentaux que nous avons identifiés, nous, collaboratrices et collaborateurs, au sein de notre association All Equals fondée il y a un an : création d’un environnement de travail inclusif, égalité des droits, soutien aux collaborateurs et collaboratrices victimes de discrimination, partage de bonnes pratiques.  

Frédéric Lenoir : Au-delà de l’acte et du symbole que représente la signature de cette charte, c’est l’engagement de notre directeur général lui-même, de notre DRH et l’ensemble de notre Comité de direction générale que nous saluons. De même, au-delà de l’acceptation des collaboratrices et collaborateurs quelle que soit leur orientation sexuelle, ce qui se joue, loin de tout communautarisme, de tout prosélytisme, de tout militantisme, c’est l’intégration de chacune et chacun d’entre nous dans l’entreprise, avec toutes nos diversités. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons créé All Equals. Pour que toutes et tous soient à l’aise dans leurs baskets. C’est aussi simple que ça.

Les entreprises inclusives sont plus attractives et plus performantes. Leurs équipes sont plus engagées. Les clients, les marchés, les privilégient. En 2021, il n’était plus possible qu’une entreprise pratique la politique du « Dont Ask, Don’t Tell » :  Barack Obama y a mis fin dans l’armée américaine en 2008. Il n’était plus possible que la moitié des collaborateurs LGBT+ – statistique sur les entreprises non inclusives – n’ose pas révéler leur vie au travail, par crainte pour leur carrière. Il n’était plus possible que des personnes de talent hésitent à rejoindre Natixis faute de communication claire sur le sujet.

 

Quel rôle a joué All Equals dans cette signature ?

JG : Nous avons fait un gros travail en amont. Depuis un an, et malgré la crise sanitaire, nous avons vu des collaboratrices et des collaborateurs s’impliquer, se mobiliser pour faire bouger les lignes. Chaque semaine nous avons reçu des messages de soutien et d’encouragement. All Equals est le network LGBT+ de Natixis : il compte aujourd’hui plus de 300 Alliés et Alliées, dans toutes nos implantations. Il n’est pas spécialement parisien ou français, il est international.

FL :  Nous nous sommes rapprochés d’autres organisations. Nous avons observé ce qu’avaient fait d’autres grandes entreprises du secteur financier, et de bien d’autres secteurs. Un grand nombre de personnes chez Natixis ne comprenaient pas pourquoi notre entreprise était « en retrait » sur l’inclusion des LGBT+.

 

Avez-vous été témoins d’homophobie dans vos parcours professionnels ?

FL : Clairement oui. Pas spécialement chez Natixis. Mais j’ai entendu des propos homophobes et j’ai été témoin de discrimination professionnelle, oui. Mais le sujet est plus complexe que la discrimination ouverte, condamnée par la loi. C’est une zone grise. Les idées reçues et les préjugés sont nombreux. La pédagogie et le leadership positif permettent de progresser.

JG : Ma femme est fonctionnaire de police. Elle a contribué, il y a vingt ans déjà, à la création de Flag, le réseau LGBT+ de la police. Dans un commissariat, on peut entendre des propos homophobes très violents. Mais ne rien dire du tout, faire comme si l’homosexualité n’existait pas, c’est violent aussi. On nous renvoie parfois que cela ne regarde pas l’entreprise, que c’est une question de vie privée. Mais le lundi matin, lorsque des collègues échangent sur leur week-end autour d’un café, ils ne sont pas en train de déballer leur vie privée. Ils disent simplement « ma femme », « mon mari », « mes enfants ». Les collaborateurs LGBT+ doivent pouvoir en dire autant sans que cela ne jette un froid. Longtemps, ils ont dû gommer l’existence de leur conjoint ou leur conjointe, chercher des astuces pour en dire le moins possible, éviter, contourner. C’est épuisant et injuste.

 

Vous sentez-vous mieux perçus aujourd’hui ?

FL : Nous savons que nous pouvons compter sur nos Alliés et Alliées dont l’engagement est formidable et sur le soutien de la direction générale de Natixis, ce qui est très important. Nous avons reçu de nombreux témoignages très forts « merci d’avoir ouvert la parole ! ».

JG : On se sent soutenus par la direction de Natixis, on sent la reconnaissance de notre travail de sensibilisation à travers All Equals qui a joué un rôle d’accélérateur d’acceptation. L’engagement que prend Natixis est très fort, nous allons veiller à ce qu’il soit continu.

 

Quelle part du chemin reste-t-il à faire ?

JG : La pédagogie et la formation sont deux axes importants. Avec All Equals, nous avons fait un gros travail sur les stéréotypes, les idées reçues. L’association est un interlocuteur partenaire des RH qui aide à identifier les points de vigilance.

FL : Sur la parentalité, il y a encore du chemin à faire. Par exemple, sur le droit à des congés de naissance égaux pour le parent principal qui doivent, selon moi, être les mêmes dans toutes les familles, hétéros ou homoparentales, soit d’environ trois mois, ne fut-ce que dans l’intérêt fondamental du nouveau-né.