#Business #Digital Et Innovation #Paiements
Publié le 22/11/21
Lecture 3 Min.
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#Business #Digital Et Innovation #Paiements

Avec ou sans contact, e-commerce, paiements directs via les sites marchands… poussées par les évolutions technologiques et la crise sanitaire, les méthodes de paiement se développent avec une rapidité inédite tout en s’adaptant à la nouvelle conjoncture sanitaire. Du coup, la monnaie sonnante et trébuchante risque-t-elle de disparaître ?
Myriam Dassa, directrice de l’Observatoire Natixis Payments, et Vincent Maissin, responsable de la veille et des partenariats stratégiques chez Natixis Payments, nous éclairent sur un phénomène qui ne fait que commencer !

Nos achats et nos échanges sont de plus en plus virtuels. En ces temps où tout doit devenir fluide et léger, la monnaie s’évapore. Comme le constatait le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt devant l’Assemblée nationale en présentant les nouvelles mesures de défiscalisation des pourboires à l’automne 2021, les paiements électroniques et numériques ne cessent de progresser aux dépens des espèces.
Vincent Maissin note :

La crise sanitaire a contribué à accélérer la transformation engagée depuis plusieurs années des modes de paiement, l’usage des moyens de paiement physiques diminuant au profit du digital

« On observe que l’usage du cash a été très fortement impacté avec des volumes de retrait de 27 % inférieurs aujourd’hui à ceux de 2019. Le chèque continue sa décroissance sur un rythme similaire. Par ailleurs, le sans-contact s’est vraiment ancré dans les habitudes, après avoir dépassé pour la première fois la part des transactions en mode contact après le premier confinement. Il représente aujourd’hui plus de 59 % des volumes de paiement par carte en nombre de transactions.  Enfin, le e-commerce a su profiter de la situation avec de son côté une augmentation d’environ 19 % par an de façon constante et cette tendance devrait se poursuivre. ».

 

La carte bancaire : pionnière de la démonétisation depuis 1967

Il faut remonter assez loin pour déceler les premiers signes de cette évolution fondamentale. Premier pas, l’invention de la carte bancaire, dite Carte Bleue, par six banques françaises (Crédit Lyonnais, Société Générale, Banque Nationale de Paris, Crédit Industriel et Commercial (CIC), Crédit Commercial de France (CCF) et Crédit du Nord) en 1967 et l’installation du premier DAB l’année suivante. Il faut toutefois attendre 2001, pour que le nombre de paiements par carte CB dépasse le nombre de paiements par chèque et que la e-carte bleue, destinée aux paiements par internet, voit le jour. Vingt ans plus tard, le smartphone s’impose comme le nouvel allié indispensable de l’e-paiement. Pendant les trois premiers trimestres de l’année 2019, selon l’étude FEVAD du 9 juillet 2020, la part du mobile a progressé de 23,7 % (soit 16,3 millions d’utilisateurs) et 49 % des acheteurs effectuaient leurs achats au moins une fois par mois via leur mobile. Les derniers confinements liés à la crise sanitaire ont confirmé la tendance. En trois mois, les ventes réalisées par paiement sans contact ont bondi de 60 % et 55 % des visites en ligne s’effectuent par mobile.

 

Le sans-contact : un allié dans la crise sanitaire

« Ces dernières années, les paiements se transforment, que ce soit sur les plateformes d’e-commerce, ou avec l’apport des nouvelles solutions technologiques comme le paiement par mobile ou le paiement sans contact, qui l’intensifie encore, souligne Myriam Dassa. On constate en effet plusieurs phénomènes complémentaires : des envolées spectaculaires des paiements mobiles et une baisse des retraits, en raison de l’explosion du e-commerce et du sans-contact devenu une mesure barrière à la diffusion du virus. En conséquence, les utilisateurs ont moins besoin de cash et de ce fait de distributeurs. L’Observatoire des paiements étudie cette évolution globale, qui s’est accélérée avec la crise sanitaire. Ainsi, dans notre dernière étude consacrée au prêt-à-porter, nous constatons que, dans ce secteur, aujourd’hui, un achat sur trois est réalisé en ligne. L’année dernière, c’était un sur cinq. Et l’année prochaine, sera-t-on à un sur deux ? »

 

Natixis avait anticipé avec Apple Pay et Samsung Pay

Premier opérateur des paiements à développer Apple Pay, Samsung Pay – les systèmes de paiement mobile proposés par Apple et Samsung – et le paiement instantané en France, Natixis Payments a su devancer la vague depuis longtemps. « Quand les banques ont proposé le sans-contact, c’était vraiment pour améliorer le passage en caisse. Anticiper, c’est savoir écouter. Nous sommes à l’écoute de nos clients pour mettre en œuvre les solutions de paiement qui vont faciliter leur quotidien, poursuit Myriam Dassa. Natixis travaille constamment pour proposer des offres adaptées aux différents secteurs : restauration, textile, médical… Cette baisse du cash nourrit les intérêts de chacun : l’utilisateur qui réduit le risque de perte d’espèces, l’État qui bénéficie d’une meilleure traçabilité des échanges, le commerçant qui gagne du temps en diminuant la gestion chronophage des fonds et remises de caisse. Grâce à l’Observatoire, qui étudie à quel point un secteur est en phase de transformation, nous sommes en mesure de mieux accompagner les commerçants dans l’évolution de leurs méthodes de vente et de leurs parcours clients. »

 

En 2022, des solutions de paiement en pleine mutation

Chaque jour, de nouvelles solutions apparaissent, plus simples d’usage, plus sécurisées, plus novatrices. Les commerçants bénéficient de nouveaux logiciels développés par des start-up qui gèrent tout en ligne : de la publicité à la réservation, de la consultation du menu, jusqu’au paiement, et maintenant le pourboire. « Les attentes sont plus fortes autour de l’omnicanalité, des parcours digitaux ou de la gestion des opérations transfrontalières, confirme Vincent Maissin. Pour les accompagner, la maîtrise de la donnée est devenue clé : elle permet de lutter efficacement contre la fraude tout en fluidifiant l’expérience utilisateur. Après le développement européen de l’Instant Payment, cette solution de paiement électronique qui permet de réaliser un virement en moins de 10 secondes, l’arrivée du Request-to-Pay (RTP) va développer de nouveaux cas d’usage à partir de 2022. Elle  permettra aux bénéficiaires du paiement (marchands, institutions, créanciers ou particuliers) d’initier la/les demandes de virements, à valider par le payeur, au travers de son application mobile bancaire. Ce service de messagerie, déjà mis en œuvre dans certains pays comme le Royaume-Uni ou l’Inde, fluidifiera et sécurisera plus encore les paiements comme les prélèvements de taxes ou le règlement des créances. À un horizon légèrement plus lointain, cette dynamique de transformation va se poursuivre, en particulier avec le passage à grande échelle des cryptomonnaies, et en particulier l’euro digital voulu par la Banque Centrale Européenne et qui devrait voir le jour dans deux à cinq ans. » Des sujets à suivre de près afin d’anticiper l’impact qu’ils auront sur notre vie quotidienne et nos activités.

 

Malgré le contexte fortement évolutif des usages des moyens de paiement, lié notamment à la crise sanitaire, la monnaie papier occupe encore une place privilégiée auprès des consommateurs français et européens. Aujourd’hui, aucun pays n’a, à ce jour, supprimé la monnaie physique. En Suède, par exemple, pays pourtant en avance sur ce mouvement, le gouvernement a légiféré en 2020 pour obliger les banques à proposer des services de cash. En France, en 2019, un rapport produit sous l’égide du Ministère de l’économie et des finances a insisté sur l’importance d’accéder au cash et ce pour l’ensemble de la population.

 

 

Lexique

  • Euro digital :  euro numérique équivalent à des billets en euros, mais sous forme dématérialisée. Cette forme de monnaie électronique serait émise par l’Eurosystème (la BCE et les banques centrales nationales) et accessible à tous, ménages comme entreprises.
  • Request to pay ou requête de paiement : RTP est un service d’échange de messages (comme SWIFT) qui permet à un bénéficiaire ou un créancier de réclamer un paiement.