#Natixis Corporate & Investment Banking
Publié le 26/01/21
Lecture 5 Min.
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#Natixis Corporate & Investment Banking

Le secteur des infrastructures a affiché une forte résilience dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Certes, il est, comme tous les secteurs, affecté par la crise. Certains segments ont subi des répercussions négatives : baisse de la consommation d’énergie, effondrement du transport de passagers par rail et avion lié au confinement et aux mesures de distanciation sociale, chute des réservations de 75 % pour l’hôtellerie en France entre juin 2019 et juin 2020… Toutefois, le secteur dans son ensemble s’est montré très résilient en 2020 et a confirmé son rôle de valeur refuge pour les investisseurs. En attestent les importantes levées de fonds auprès des investisseurs.

Plus structurellement, la crise de la Covid-19 agit comme un accélérateur des tendances de fonds qui conduisent à une transformation profonde de l’ensemble de l’économie. Trois d’entre elles concernent plus particulièrement les infrastructures : la transition énergétique, la rupture technologique et les changements sociétaux. En effet, le déploiement du travail à distance, l’explosion du commerce en ligne, l’urgence sanitaire renforcent les besoins dans le secteur des télécommunications, du soin aux personnes, de la logistique, des infrastructures publiques et offrent de nouveaux territoires aux fonds infra.

 

La transition énergétique au cœur de la relance

La préservation de l’environnement a été placée au cœur des plans de relances : le « pacte vert » est au centre du plan européen de 750 milliards d’euros, la France alloue 30 milliards d’euros à la transition énergétique. Le président nouvellement élu des Etats-Unis, Joe Biden, a prévu d’allouer 2 trilliards de dollars à la lutte contre le réchauffement climatique, une rupture radicale par rapport à son prédécesseur qui prônait une course en avant des énergies carbonées. Cette transition repose en partie sur l’augmentation des infrastructures d’énergie renouvelables – éolien, solaire. Une tendance vertueuse qui induit toutefois une compétition accrue entre les acteurs, et le risque lié à la croissance dans un nouveau secteur ou zone d’activité.

À ce titre, la transition énergétique repose aussi, et fondamentalement, sur la transformation progressive de l’industries qui dépend des énergies fossiles. Les producteurs d’hydrocarbures ont annoncé des programmes ambitieux de développement dans les énergies vertes : Total affiche l’ambition d’abaisser à 35 % en 2030 – contre 65 % aujourd’hui – la part des produits pétroliers dans ses ventes, et vise une capacité brute d’électricité renouvelable de 25 GW en 2025. BP tend vers 25 GW de capacités éoliennes à l’horizon 2025…

Le plan européen – et français – mise sur un développement massif de l’hydrogène vert, c’est-à-dire produit par des électrolyseurs alimentés par de l’énergie d’origine renouvelable. Dans cette mutation vers une économie décarbonée, le gaz naturel a un rôle de « facilitateur » à jouer : il accompagne le développement des capacités éoliennes et solaires, par nature intermittentes et donc susceptibles de fragiliser les systèmes électriques en place, et il réduit les coûts échoués pour les propriétaires d’infrastructures actuelles.

Enfin, l’isolation des bâtiments est un autre grand levier de décarbonation de l’économie, ainsi que le développement du transport ferroviaire : à cargaison égale, le fret émet « seulement » 25 % de CO2 par rapport au transport routier. Dans une économie où le transport est le 3e plus gros émetteur de CO2, après l’énergie et l’industrie, l’année 2021 sera-t-elle l’année du rail ?

 

La révolution digitale

Le déploiement massif des capacités de télécoms – data centers, tours, fibre – est l’un des signaux les plus visibles de la rupture technologique dans les infrastructures. La crise de la Covid-19, avec notamment l’accroissement du travail à distance et du commerce en ligne, a souligné l’importance de bénéficier d’un accès numérique performant. Le digital est aujourd’hui, plus que jamais, un service essentiel. La qualité d’accès au réseau devient un critère déterminant dans le choix d’une résidence ou d’un site d’activité. Les collectivités mesurent l’urgence de déployer la fibre et de réduire la fragmentation numérique pour maintenir leur attractivité résidentielle et économique. Cette augmentation structurelle des besoins accélère les opérations de rapprochement entre acteurs, et notamment les rapprochements transfrontaliers entre l’Amérique, l’Europe et l’Asie. Les fonds d’investissement répondent présent pour financer les infrastructures, avec une réallocation de leurs portefeuilles en faveur des télécoms.