Publié le 28/05/19
Publié le 28/05/19
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Au lendemain des élections européennes qui se sont tenues du 23 au 26 mai 2019 en Europe, plusieurs surprises ont émergé au niveau des votes. Quelles seront les prochaines dates clés et les impacts sur la gouvernance de la Banque Centrale européenne ?

Jesus Castillo, Macro Economic Research – Espagne, Portugal, Grèce et de l’Eurozone vous livre son analyse des résultats au lendemain des élections européennes dans ce podcast à écouter :

Natixis Podcast _ Expert Reaction 28-05-19 ÉLECTIONS EUROPÉENES I Quelle gouvernance pour l’Europe de demain ? de Jesus-Castillo

 

 

Tout d’abord, quelles sont les surprises qui ont eu lieu au cours de ces élections ?

La principale surprise qu’on a eue au cours de ces élections européennes c’est que la vaque populiste que nous annonçaient les sondages n’a finalement pas eu lieu. On avait dans l’ancien Parlement européen élu en 2014, 205 députés issus des groupes dits populistes, aussi bien de droite que de gauche. Maintenant ils sont 210, c’est-à-dire 5 de plus. Mais ce qui est intéressant à observer c’est qu’après le Brexit, une fois que les députés européens issus du Royaume Uni quitteront le Parlement européen, cela va affaiblir ce groupe populiste. Parce qu’une part importante des élus britanniques vont s’inscrire dans ces groupes populistes : il y a 33 élus britanniques qui font partie des groupes populistes au sein du Parlement européen. Avec leur départ, c’est le poids de ces groupes-là qui va diminuer.

Le deuxième point important que l’on peut retenir de ces élections européennes est la fin de la majorité historique des deux grands groupes traditionnels du Parlement européen, c’est-à-dire d’un côté le parti populaire européen et de l’autre le groupe des socialistes et démocrates européens.

Pourquoi avons-nous une perte de poids des deux grands groupes historiques ?

D’une part, parce que on voit la montée des partis verts en Europe, avec un groupe des verts qui prend du poids au sein du Parlement européen, et puis le deuxième fait important est la montée en puissance au centre de l’alliance des démocrates et libéraux européens, dont par exemple la république en marche en France fait partie… donc ils gagnent du poids au sein de ce Parlement européen.

Le parti populaire européen et les socialistes et démocrates européens qui auparavant accumulaient ensemble plus de 50 % des députés n’ont plus de majorité absolue. Nous allons donc vers un Parlement européen qui aura besoin de davantage de coalitions.

Une fois qu’on a posé ce panorama au sein du Parlement, à quoi doit-on s’intéresser désormais ?

Il y a un fait important qui va se dérouler de juin à juillet : le choix du Président de la Commission européenne, pour remplacer le Président actuel qui est Jean-Claude Juncker.

Avec la perte de pouvoir, au sein du Parlement, des deux groupes traditionnels – le parti populaire européen et les socialistes et démocrates européens – cette élection va être moins évidente que par le passé. Le principal candidat aujourd’hui, le favori, qui est issu de la liste des Spitzen Candidates, une liste de candidats qui ont été présentés par chacun des groupes au PE, est Monsieur Manfred Weber, un Allemand qui fait partie du groupe des partis populaires européens, et qui est issu de la CSU en Allemagne. Comme c’est le parti populaire européen qui a le plus de voix aujourd’hui au sein du Parlement, naturellement ce serait vers ce candidat que on pourrait aller, mais la montée des verts et des partis du Centre avec l’alliance des démocrates et libéraux européens pourrait laisser également une chance au candidat Franz Timmermans du groupe des socialistes et démocrates européens. L’élection à la Présidence de la Commission européenne va donc être moins évidente que par le passé. Cela va avoir une conséquence concernant le renouvellement du gouverneur de la BCE. Selon une règle non écrite dans les institutions européennes, les postes clés en Europe sont répartis entre les différents États membres de l’Union Européenne. Donc si on a un Allemand à la tête de la Commission Européenne, il est fort probable que l’on ait un gouverneur issu d’un autre pays de l’Union Européenne à la tête de la BCE pour remplacer Mario Draghi actuel gouverneur, dont le mandat finit en octobre prochain. Si M. Weber est élu à la présidence de la Commission européenne, cela fermerait pratiquement la porte à un autre allemand à la tête de la BCE.

 

En résumé :

  • Nous n’avons pas eu de vague populiste.
  • Nous assistons à la fin de la coalition historique Parti populaire européen / socialiste et démocrate européen comme groupe alliance majoritaire.
  • Une élection du président de la Commission Européenne qui est moins évidente que par le passé et qui aura probablement des conséquences sur l’élection du prochain gouverneur.

 

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