Les investisseurs ont un rôle essentiel à jouer dans le développement de l’investissement responsable. Selon une étude menée par Natixis Investment Managers en 2021, 7 investisseurs sur 10 dans le monde souhaitent que leurs investissements aient un impact social positif. Quel que soit le cadre, actionnarial ou obligataire, l’engagement avec les entreprises au sens anglo-saxon du terme constitue l’un des leviers majeurs pour promouvoir des politiques responsables. Comment y parvenir et créer une dynamique vertueuse ? Découvrez-le à travers ce nouvel épisode de la série Green Momentum avec le décryptage de Nathalie Pistre, directrice Recherche et ISR chez Ostrum Asset Management et de Laure Delahousse, directrice générale adjointe à l’Association Française de la Gestion Financière.
NATHALIE
PISTRE
Directrice Recherche et ISR chez Ostrum Asset Management
LAURE
DELAHOUSSE
Directrice Générale Adjointe à l’AFG
Actions et obligations : les moyens de pression des investisseurs ne sont pas les mêmes
En tant qu’actionnaires, donc partie prenante au capital d’une entreprise, les investisseurs ont la capacité de voter pour ou contre certaines stratégies ou résolutions lors des assemblées générales.
En tant que porteurs de dettes, donc investis sur le marché obligataire, les moyens de pression dont disposent les gestionnaires d’actifs pour orienter les entreprises vers des décisions responsables sont différents. Un levier différent mais néanmoins puissant si l’on considère l’endettement mondial en forte croissance !
Du dialogue aux politiques d’exclusion : différents degrés d’engagements
Comment orienter les choix stratégiques des entreprises vers un développement plus durable ?
Tout l’enjeu est d’établir un dialogue régulier et exigent avec ces entreprises autour de leur politique RSE et sur la manière dont elles inscrivent les enjeux de transition énergétique dans leur modèle. L’objectif in fine est de faire converger les pratiques vers une économie soutenable.
Et si le dialogue incitatif s’avère insuffisant sur des thématiques qui sont importantes pour les investisseurs, alors les gestionnaires d’actifs peuvent décider de sortir de leurs portefeuilles les sociétés qui ne jouent pas le jeu ou n’avancent pas assez vite; une sortie avec prise d’effet immédiat ou à l’issue d’une période définie pendant laquelle l’entreprise doit rendre des comptes sur la manière dont elle va réaliser ses engagements en matière de transition énergétique, climatique, sur la biodiversité etc…
« Chez Ostrum Asset Management, nous avons demandé aux entreprises concernées par cette activité de nous fournir en 2021 un plan de sortie du charbon séquentiel et crédible d’ici à 2030. Si elles ne le fournissent pas, ou si le plan ne semble pas suffisamment robuste, elles seront exclues de nos portefeuilles à partir de 2022 », précise Nathalie Pistre.
Des associations professionnelles réunissant les acteurs de la gestion d’actifs comme l’AFG (Association Française de la Gestion Financière) animent la réflexion de la profession sur ces sujets et sont en lien permanent avec les régulateurs pour faire évoluer les pratiques.
Influer les stratégies d’entreprise dans une dynamique vertueuse
Il faut laisser aux entreprises le temps de s’adapter : certaines sont très avancées dans leurs engagements RSE, d’autres le sont moins, compte tenu de leur secteur d’activité ou de leur modèle de développement. Il y a une notion de durée dans la transition et l’équilibre est subtil : l’engagement doit se faire dans le temps mais il suppose des efforts réels et mesurables, et du reporting !
À ce titre, la donnée est clé. Que ce soit par conviction ou par obligation règlementaire, les entreprises communiquent de plus en plus de données. Celles-ci sont nécessaires aux gestionnaires d’actifs pour enrichir leur évaluation sur la durabilité de l’entreprise en y intégrant des critères extra-financiers. Parallèlement, pour une meilleure sensibilisation des investisseurs institutionnels ou des particuliers, une communication transparente et rigoureuse est nécessaire sur les produits dits « verts » comme les green, social et sustainable bonds, ou sur les fonds dits à impact.
Une mobilisation globale aux enjeux durables
Cette dynamique positive engagée en Europe s’étend également dans le monde avec des prises de position renforcées : les États-Unis ont récemment renoué avec l’Accord de Paris et la Chine envisage une sortie du charbon d’ici à 2040. Ce cercle vertueux est nourri par les politiques volontaristes des entreprises et des gérants d’actifs, avec le soutien de l’opinion publique (donc des épargnants) et des États.
Notions clés
Investissement obligataire : l'emprunt obligataire permet de financer un État, une banque, une entreprise ou une organisation gouvernementale. L'emprunteur émet des obligations que des investisseurs achètent. Un intérêt est versé périodiquement, tandis que le capital sera remboursé à une date prévue.
RSE : la responsabilité sociale et environnementale d’entreprise est définie par la commission européenne comme l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. C’est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.
Engagement actionnarial : l’engagement actionnarial désigne le fait, pour un investisseur, de prendre position sur des enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) et d’exiger des entreprises visées qu’elles améliorent leurs pratiques dans la durée pour influer leurs stratégies. Ces exigences sont formulées via une démarche structurée comprenant un dialogue direct avec l’entreprise et un suivi sur le long terme.
Les analyses et les opinions mentionnées dans le présent document représentent le point de vue de l’auteur référencé. Elles sont émises à la date indiquée, sont susceptibles de changer et ne sauraient être interprétées comme possédant une quelconque valeur contractuelle.
Pour plus d’informations sur les approches d’exclusion d’Ostrum AM, veuillez consulter le site web suivant : www.ostrum.com/fr