Publié le 21/06/19
Publié le 21/06/19
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Le salon international de l’aviation ouvre aujourd’hui ses portes au grand public. A cette occasion, Gareth John, Responsable mondial du secteur Aviation chez Natixis, fait le point sur les mesures mises en place par l’industrie pour réduire son empreinte écologique.

Allier croissance du transport aérien et régulation de l’empreinte écologique implique l’engagement fort de l’ensemble des acteurs : compagnies aériennes, équipementiers, états, aéroports, producteurs de bio-carburants. Une des mesures phare, intitulée CORSIA, consiste à compenser les émissions de CO2 de l’industrie par des investissements dans des actifs décarbonants.

Allier COP21 et croissance du transport aérien

Les émissions de gaz à effet de serre produites par le transport aérien international représentent actuellement environ 2 % des émissions mondiales et augmentent de manière continue sous l’effet de la croissance du trafic aérien mondial, de l’ordre de 4 % par an.
Comment l’industrie aéronautique s’inscrit-elle dans l’engagement pris à la COP21 de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 50 % afin de limiter le réchauffement climatique en deçà de 2 °C par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle ?

CORSIA, un mécanisme mondial de compensation

L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), une agence de l’ONU qui réunit 193 Etats membres, a pour fonction la régulation mondiale de l’activité de transport aérien international sous tous ses aspects (sûreté, sécurité, environnement). Elle a fixé comme objectif de maintenir à horizon 2035 les émissions nettes mondiales de carbone provenant de l’aviation internationale au niveau de 2020. Le message est clair : la croissance de l’activité doit être neutre en émission de CO2.
L’OACI a pour cela mis en place un mécanisme mondial pour la compensation des émissions de CO2, intitulé CORSIA – « Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation » / « programme de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale ».
Adopté en octobre 2016 et entré en vigueur le1er janvier 2019, CORSIA fait de l’aviation le premier secteur économique à se doter d’un dispositif mondial, universel et contraignant, de maîtrise de ses émissions de CO2. Les opérateurs aériens sur les vols internationaux achètent des crédits de compensation de leurs émissions de CO2 auprès de programmes de compensation carbone (reforestation, infrastructures d’énergie renouvelable…) certifiés par l’OACI.

Une mesure réellement impactante

Cette mesure a beaucoup plus d’impact que des initiatives précédentes, comme les EU-ETS mis en place en 2012 par l’Union Européenne, auxquels elle se substitue. Elle porte sur des investissements dans des actifs réels et non sur des « droits à polluer » via l’achat de crédits carbone.
Le mécanisme prévoit deux phases de mise en œuvre : une première phase entre 2021 et 2026 basée sur le volontariat, puis une seconde phase à partir de 2027 où le dispositif s’appliquera de façon universelle, à l’exception d’un certain nombre d’États exemptés (notamment les pays les moins développés ou ceux dont le transport aérien est le moins mature). Depuis le 1er janvier 2019, les compagnies aériennes participantes calculent leur impact environnemental de référence.
Soixante-cinq états, notamment les pays européens, se sont déclarés volontaires pour participer à la première phase. Ils représentent près de 87 % de l’activité aérienne internationale. Dès la seconde phase, les États inclus dans le dispositif devraient représenter plus de 93 % de l’activité aérienne internationale.

3 autres axes d’amélioration

CORSIA constitue une avancée pour réduire l’empreinte écologique des compagnies aériennes et va au-delà d’une simple mesure d’impact. Des initiatives complémentaires sont mises en place :

  • l’amélioration de la performance environnementale des avions : l’accent est mis sur le renouvellement continu de la flotte mondiale avec des avions de nouvelle génération moins polluants, plus aérodynamiques et plus légers (sièges, fibre de carbone, tablettes remplaçant la lourde documentation des pilotes, etc.) ; Les derniers modèles de gros porteurs permettent de réduire les émissions de CO2 de 20 à 25 % selon le IATA (International Air Transport Association). Des innovations, comme le remplacement des systèmes hydrauliques et pneumatiques par des systèmes électriques pour la conduite au sol, devraient encore réduire l’empreinte écologique des appareils.
  • l’adoption de procédures opérationnelles conduisant à réduire la consommation de carburant : meilleur remplissage des avions, pratiques de conduite écoresponsables, trajectoires plus directes, décongestionnement des aéroports et réduction des trajets au sol.
  • le développement de biocarburants : l’industrie a fixé un objectif de 2 % du volume total mondial de kérosène en biocarburant à horizon 2025. Le développement prend du temps, car il convient de maîtriser les émissions de CO2 lié à sa production et de ne pas obérer les ressources pour la nourriture humaine ou animale. Ainsi, les efforts se concentrent sur les biocarburants de seconde génération (issus de déchets, ou biomasse) et troisième génération (algocarburants, à base d’algues). Le soutien des aéroports est ici également crucial pour s’assurer qu’ils soient correctement approvisionnés.

Les compagnies aériennes ont pris la mesure des enjeux environnementaux et témoigné de leur engagement. Mais le verdissement du secteur de l’aviation ne passe par uniquement par elles : c’est aussi l’affaire des états, des infrastructures, des producteurs de carburant, des équipementiers, et de l’ensemble des acteurs du secteur.