Publié le 02/08/19
Publié le 02/08/19
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Natixis n’a pas attendu une prise de conscience globale pour adopter une stratégie respectueuse de la planète et des enjeux climatiques dans l’assurance, en s’appuyant notamment sur l’innovation.

La finance peut-elle mieux servir l’économie, et l’avenir de la planète ? En ces temps d’urgence climatique, la question est plus que jamais d’actualité. Le verdissement de la finance, notamment en France, semble devoir s’accélérer. Début juillet 2019, entreprises et instances publiques ont pris des engagements en vue de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Parmi eux, des assureurs conscients de la responsabilité qui est la leur : en effet, selon les choix qu’ils opèrent en matière de financement de l’économie via leurs portefeuilles de placements, ils peuvent significativement contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.

Une stratégie alignée sur l’objectif <2°C

Fin 2018, dans l’assurance, Natixis a décidé d’aligner sa politique d’investissement sur les objectifs de la trajectoire dite « 2°C » fixée par l’Accord de Paris.
L’ambition est chiffrée, et la barre haut placée : près de 10 % des investissements consacrés, chaque année, à des actifs verts, toutes classes d’actifs confondus, avec un objectif de 10 % d’actifs verts dans le total de ses encours, au plus tard en 2030.
« Cela peut paraître encore modeste, mais c’est dix fois plus que ce que l’on faisait avant », remarque Maxime Druais, ESG expert leader chez Natixis Assurances, qui souligne que « 10 %, c’est engageant, compte tenu de l’univers d’investissements d’aujourd’hui. C’est entre cinq et dix fois plus que ce qui s’observe sur les engagements green ». « Toute l’entreprise, animée de la conviction sincère qu’elle a un rôle à jouer, une responsabilité collective dans le combat pour la transition écologique, s’est impliquée derrière cet objectif », ajoute-t-il. 

Une méthode de mesure… sur-mesure

La mesure de l’empreinte carbone des portefeuilles d’investissements de Natixis Assurances est un indicateur structurant dans la définition de sa trajectoire climat. Cette mesure est réalisée à partir d’une évaluation individuelle des intensités carbones émises (tonne de CO2 équivalent par million d’euros de capitalisation boursière) d’après la méthodologie Carbon Impact Analytics qui se focalise sur : 

– une mesure des émissions “induites” par l’activité de l’entreprise dans une approche “cycle de vie” prenant en compte les émissions directes, mais aussi celles des fournisseurs et des produits ;
– une mesure des émissions “évitées” grâce aux efforts d’efficacité ou au déploiement de solutions “vertes”.
Afin de réaliser ces évaluations, chaque entreprise est examinée individuellement selon une grille d’analyse adaptée à chaque secteur d’activité.  

Clients et investisseurs, sensibles à l’engagement des assureurs

Fin 2017 la profession, par la voix de la Fédération Française de l’Assurance, a annoncé trois initiatives destinées à lutter contre le changement climatique. Parmi elles, la volonté d’inclure dans l’offre en assurance-vie un support bénéficiant du label ESG, prenant en compte des engagements environnementaux, sociaux ou liés au climat. Chez Natixis, cet engagement est devenu réalité dès le 1er janvier 2019. Engageant l’entreprise dans une voie vertueuse, il répond également aux aspirations des clients qui souhaitent de plus en plus voir leur épargne investie dans des secteurs ou des activités qui n’aggraveront pas la crise climatique.
« Depuis trois ans, en France, il y a eu une véritable bascule entre le camp des convaincus et les autres », pointe Thierry Berthold, senior banker insurance et « green captain » au sein du coverage assurance de la Banque de grande clientèle (BGC) de Natixis. « Aujourd’hui, la situation a vraiment changé ; vous ne pouvez pas être assureur et ne pas prendre en compte cette préoccupation : c’est un mouvement absolument de fond. Les acteurs sont plus ou moins en avance mais le mouvement est là ».

L’engagement ira-t-il jusqu’à une vraie transformation du business model de l’assurance ? C’est fort possible. Clients et investisseurs regardent non seulement le rendement, mais sont également de plus en plus sensibles à la prise en compte de critères ESG, ainsi qu’aux bénéfices environnementaux et sociaux de leurs investissements. De ce fait, ils privilégient des acteurs qui partagent leur vision. Ils y sont aidés par l’obligation de transparence contenue dans l’article 173 de la loi française de transition énergétique (voir encadré) ; les instances de régulation elles-mêmes, ACPR (Autorité de contrôles prudentiel et de résolution) et EIOPA (Autorité européenne des assurances et des pensions) demandent maintenant aux assureurs d’intégrer les risques climatiques dans leurs stress-tests. Les grandes agences de notation financière prennent dorénavant en compte ces critères ESG dans leurs analyses. Le lancement du label ISR (Investissement Socialement Responsable) et plus encore du label TEEC (Transition Énergétique et Écologique pour le Climat) qui s’adresse aux fonds d’investissement et prime ceux qui s’orientent vers le financement de la transition énergétique et de l’économie verte va aussi dans le même sens. 

Les assureurs appelés à la transparence

L’article 173 de la loi de transition énergétique fait de la France le premier pays au monde à imposer aux investisseurs institutionnels – sociétés d’assurance, de prévoyance, de retraite et de protection sociale notamment – la publication dans leurs rapports annuels de données ESG ainsi que sur la « qualité environnementale » de leur politique d’investissements et sur les moyens mis en œuvre pour contribuer à la transition écologique et énergétique. 

« On s’inscrit dans une prise de conscience et de mouvance générale des aspirations de la société », renchérit Thomas Girard, product specialist au sein du Green & Sustainable Hub de la BGC de Natixis, en charge du business development auprès de sa clientèle d’investisseurs. 

« Le secteur financier est au cœur de l’économie et l’industrie de l’assurance joue un rôle important dans la promotion de la durabilité économique, sociale et environnementale – agissant en tant que gestionnaire de risques, assureur et investisseur. Les compagnies d’assurance peuvent également être considérées comme ayant une mission sociale en contribuant à bâtir une société plus résiliente, inclusive et durable ». Il ajoute : « Le secteur de l’assurance a entamé une phase de transition profonde. Aujourd’hui, l’industrie considère principalement le développement durable comme un moyen de réduire les risques qu’elle gère – en particulier ceux liés au changement climatique – tout en créant de nouvelles opportunités d’affaires avec ses clients, assurés et investisseurs ».
L’enjeu aujourd’hui pour les assureurs est non seulement d’embarquer le client final, mais aussi de le responsabiliser au maximum pour que lui-même, par ses actes et ses décisions, ne mette pas la planète en danger. L’assuré responsable, voilà un objectif clé de la stratégie green de Natixis.

Quel est l’impact du réchauffement climatique ?

Les assureurs sont directement concernés par le réchauffement climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre. Ils subissent les effets du réchauffement de la planète via la sinistralité liée à l’accroissement et à l’aggravation des cas de catastrophes naturelles (inondations, ouragans, sécheresses, incendies, etc.).
Certes, ces dernières n’ont à ce jour pas entraîné de dégradation de notation d’assureur européen, en raison de la répartition géographique de leur activité d’assurance et grâce à leur flexibilité tarifaire, mais l’augmentation de la fréquence et du coût des catastrophes naturelles nécessite une attention accrue, notamment à travers des exercices de stress-test climatiques.
En effet, bien que la réglementation Solvabilité 2 prenne déjà en compte dans le calcul du SCR (Solvency Capital Requirement) le risque de catastrophe naturelle, l’estimation de ce risque, comme celui des autres risques climatiques, se fonde sur les événements passés, alors que le réchauffement de la planète implique la prise en compte d’estimations futures.
« En analysant comment les assureurs étaient exposés aux risques liés au réchauffement climatique, on s’est rendu compte que cela ne concernait pas que les sinistres à payer, mais aussi les aspects réglementaires et les placements », décrypte Antoine Houssin, credit analyst au sein de la recherche Global markets de la BGC de Natixis.
« S’agissant des placements, Solvabilité 2 ne tient pas compte à ce jour du caractère « vert » ou non d’un investissement, du niveau de pollution qu’il engendre, ou du niveau global d’intensité carbone de l’assureur dans le calcul du SCR. Mais cela pourrait changer lors de la révision globale du régime en 2020 », conclut-il.

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