Par Christian Le Hir, directeur juridique de Natixis.
À l’occasion de la Legal Data Mining Conference qui a lieu en ce moment à Paris, il est plus que jamais important de souligner les évolutions de la transformation digitale au sein du juridique qui concernent nombre d’entreprises. Le constat est unanime : les legaltechs et regtechs – comprenez la technologie au service du droit pour faciliter la prise d’information et de décision, sont perçus comme des outils indispensables pour répondre à la l’extension croissante de nos environnements juridiques et notamment réglementaires. Dans un contexte de plus en plus complexe où les sanctions peuvent être très lourdes en cas de manquements, les technologies apparaissent comme des supports utiles pour répondre aux enjeux stratégiques.
En effet, on parle beaucoup d’intelligence artificielle dans de nombreux domaines, mais c’est aussi vrai dans le domaine des legaltechs et des regtechs. Les nouvelles technologies permettent de faciliter la réalisation d’un certain nombre de tâches chronophages ou à faible valeur ajoutée mais on pourra aller beaucoup plus loin à travers le data mining, le machine learning ou la visualisation des data. Des solutions existent déjà – en témoigne la plateforme RegMind que j’ai personnellement portée avec Natixis et qui offre ces services auprès des banques et des cabinets d’avocats. L’idée principale est d’optimiser l’accès et l’étude de la réglementation bancaire et financière et des données (comparaison des textes, veille ciblée, tableaux de bord …).
La modélisation du droit est par ailleurs un axe important pour aider à la prise de décisions avec des représentations graphiques des documents et des concepts légaux parmi les millions de données issues de la plateforme.
Exemple de data visualisation juridique avec l’algorithme LegiGraph® sur la plateforme Regmind
Si ces services constituent des outils d’aide précieux, les legaltechs et les regtechs ont un impact direct sur le business model du droit. La simple relecture de documents entraîne des process longs et coûteux lorsque l’intelligence artificielle permet un support plus rapide et plus fiable. La question de confiance est donc au cœur du renouvellement de nos métiers juridiques : la technologie doit devenir un outil collaboratif pour ajouter de la valeur à ses utilisateurs dans l’identification des risques et des opportunités.
Nous verrons certainement dans les années à venir des robots advisor capables de lancer des scénarios préétablis afin d’aider les sociétés à accomplir une justice prédictive et des stratégies décisionnelles optimisées. D’ici là, les progrès sont encore à venir, notamment en France porteuse de multiples legaltechs et regtechs qui s’étendent à l’ensemble des domaines du droit et de la régulation.